Les arts martiaux japonais sont habituellement définis en deux groupes. Post-moderne et moderne. Il n'existe pas vraiment de critères partagés par tous pour cette séparation. Généralement, les écoles fondées avant 1868 sont appelées koryū 古流 et les arts créés après cela, gendai budo 現代武道. L'année 1868 correspond au moment où a commencé l'abolition de la place des samurais comme classe dominante et où est établi le gouvernement Meiji. L'édit Hatorei en 1878 a limité le port du sabre.

Au japon, les termes koryū et kobujutsu 古武術 sont utilisés de manière interchangeable. Certaines personnes font la distinction entre les deux, bien que, celle ci puisse n'être que simplement sémantique. Ne dissertons pas là dessus mais linguistiquement, koryu et kobujutsu sont évidemment différents.

Un flux, un ruisseau

Ryū 流 peut aussi se prononcer nagare en japonais. Nagare veut dire "s'écouler". Dans les arts martiaux du japon, le flux est l'information et les techniques de l'école transmises d'enseignant à disciple. Le caractère 流 symbolise une rivière qui transporte l'information, les secrets (pensées profondes) de quelqu'un jusqu'à quelqu'un d'autre. Plus précisément dans le domaine du bujutsu, le sytème complet était transmis à quelqu'un par le certificat de Menkyo Kaiden 免許皆伝 (transmission complète). Ce flux d'information de l'un à l'autre est ce qui fait du Koryū, littéralement, ce qui découle de ce qui a précédé. Kobujutsu 古武術, cependant, signifie simplement arts martiaux anciens.

Self Defense & Techniques

Les koryū et le kobujutsu ne sont pas de la self-defense. Ils ne sont pas des sports non plus. Le kobujutsu est une tradition du combat. Bien que ses objectifs soient de nature combative et se concentrent moins sur le développement personnel que le kendo moderne par exemple, ils ne sont pas orientés vers le combat de rue, la guerre moderne, ni la protection personnelle. Les arts martiaux et la self-defense sont souvent confondus l'un avec l'autre, mais ils représentent deux choses bien distinctes. Aux alentours du milieu de la période Edo, les samurais et ceux qui romançaient leur passé et la période des combats sur les champs de bataille, se lassèrent des méthodes de kata et se tournèrent vers l'utilisation du shinai et du shinai-bukuro comme moyens plus sûr de s'entrainer et de tester des techniques. Cela entraina une compétition entre les dojo. Et vous pouvez certainement imaginer la place laissée à l'ego dans ces formes de compétitions.

Il y a de nombreuses histoires d'écoles (ryū-ha 流派) cherchant à dominer leurs regions par l'intermédiaire de ces challenges entre écoles. C'est la fin de la période Edo qui a vu l'essor des ces défis appelés Taryūjiai 他流試合 où des combattants de différents ryū-ha pouvaient se mesurer aux autres pour savoir qui et quel style était le meilleur.  Cela ne se déroulait pas toujours dans une ambiance amicale ni dans une optique d'amusement. Il peut être tout à fait intéressant d'avoir des partages de pratiques inter-écoles dans un but éducatif, mais il parait un peu immature de se vanter de continuer à se livrer à ces activités dans un but qui ne soit pas d'enseignement. En général, il n'y a pas de compétition dans les Koryu comme il en existe dans le kendo moderne, le karate ou le iaido.

Le Flux, le courant

Les arts martiaux classiques du japon représentent une tradition unique et fascinante de méthodes de combat et de tactique datant de plusieurs siècles. Certaines écoles étant apparues plus tard furent considérées comme des variantes édulcorées, mais depuis notre vision actuelle, elles sont également considérées comme koryū. Évidemment leurs objectifs et leurs applications se sont inévitablement perdus au cours du temps, quelqu'ait été le sérieux des enseignants et des étudiants de ces dernières centaines d'années. Par exemple dans le kobujutsu ou le koryū kenjutsu l'idée d'efficacité est primordiale comparée au iaido moderne. Les techniques de sabre doivent se baser sur les principes réalistes du combat au katana.

Si quelqu'un quitte un ryū et monte sa propre école, même en conservant les mêmes techniques (ou légèrement modifiées) les puristes argueront qu'il ne s'agit pas d'un koryū. Même si dans de nombreux koryū il y a eu des changements significatifs, ces changements ont été mis en oeuvre par des menkyo Kaiden. Cela représente donc toujours un koryū légitime dans l'idée de nombreux puriste. Je ne suis pas convaincu de cela et mes idées sont un peu moins rigides. il faut aussi préciser qu'une fois que quelque chose a été changée, d'une certaine manière elle perds sa connection à sa source et son fondateur. De nombreuses écoles du japon postmoderne ont émergé d'autres école. Des écoles comme Nen-ryū, Shinto-ryū, ou Kage-ryū ont donné naissance à elles seules à des centaines de branches.

Il y a encore aujourd'hui au japon de nombreux koryū reliés à leurs origines à des degrés variables dans la fidélité de leurs systèmes. Certaines écoles se sont perdues par exemple en raison de la mort précipitée de leur enseignant, ou encore de l'incendie de leurs bâtiments, ou de tremblements de terres, ou d'inondations. D'autres écoles n'ont perdu qu'une part de leurs enseignements dans de telles tragédies. Waza et tactiques étaient souvent transmises physiquement d'une personne à une autre et non détaillées par écrit. Ces enseignements uniquement transmis par voie orale s'appellent des kuden 口伝, (transmission par la bouche).

©2018 S.F.Radzikowski

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